LETTRE AU « GROUPE DE TRAVAIL » SUR LA LÉGALISATION

Le gouvernement du Canada a créé un site d'information pour introduire son « groupe de travail » qui appliquera leur nouvelle réglementation. Pour l'instant, on en sait très peu sur leurs intentions, mais ils supposent certains points qui pourraient être applicable au cannabis. C'est inquiétant pour nous, amatrices et amateurs de cannabis, de voir que le groupe de travail contient des gens qui ont maintenu et qui ont été grandement en faveur de la prohibition. Bien que rien ne soit confirmé pour l'instant, MacaqueTV a toutefois voulu faire entendre quelques commentaires constructifs à la suite de la lecture de ce document. Peut-être ne liront-ils rien de ces lignes, mais nous croyons que ça peut être un texte intéressant pour vous.

Dan
MACAQUETV
[ publié le 25 juillet 2016 ]

MISE À JOUR (15 décembre 2016) | LE RAPPORT FINAL DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LÉGALISATION ET LA RÉGLEMENTATION DU CANNABIS:
Page 76, fiers de constater que MacaqueTV fait partie des remerciements !

Minimiser les dangers de la consommation de marijuana

Dans votre document, il est beaucoup question de la "normalisation" de la consommation du cannabis. On doit se rappeler que l'alcool est vraiment plus dévastateur et que son utilisation est plus que normalisée dans notre société malgré les risques encourus. Par contre, même si nous sommes régulièrement bombardés de publicités de toutes les boissons alcoolisées possibles, la société se porte bien. C'est un travail d'éducation dont nous avons besoin. Apprendre aux gens que oui, le cannabis est beaucoup moins nocif que l'alcool, mais il faut consommer de manière responsable. On ne voit pas pourquoi on interdirait la promotion des produits du cannabis si les publicités des produits de l'alcool ne sont pas interdites. Ce serait un non-sens.

D'autre part, vous faites mention des extraits de cannabis qui sont plus puissants et qui pourraient être interdits. Vous dites légaliser parce que la restriction ne fonctionne pas. Il en est de même pour les concentrés. Si vous en interdisez la vente, les gens vont s'en procurer sur le marché noir ou ils vont en produire eux-mêmes (et vous connaissez comme nous les risques encourus lors de la production maison de la plupart de ces concentrés). De plus, pourquoi autoriser la vente des alcools forts (ex. Whisky, Gin, Brandy, etc. )? Ils sont beaucoup plus dangereux que n'importe quels extraits de cannabis, mais on en permet la vente. Comme pour ce genre de boisson alcoolisée, il faut simplement éduquer les gens sur la force des concentrés de cannabis pour leur éviter de mauvaises expériences. La prohibition est un échec total pour limiter la consommation d'une substance. La régulariser, l'encadrer avec des contrôles de qualité, aide beaucoup plus ses consommateurs et la société en générale.

Un marché ouvert aux grandes et aux petites et moyennes entreprises doit être mis en place. Tout citoyen doit avoir le droit de lancer son entreprise de vente et de production de cannabis tant que le propriétaire réponde aux exigences normalement utilisées pour un modèle semblable d’entreprise. Un contrôle de la qualité devra être pris en charge et l'étiquetage de chaque produit doit être obligatoire afin d’en connaître la concentration [cannabinoïdes]. On évite ainsi les mauvaises expériences possibles, surtout pour les nouveaux consommateurs. En addition, on ne doit pas imposer les images dissuasives comme on peut les retrouver sur les produits du tabac par exemple. Dans les faits, plusieurs études (exemple récent : http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1104848) prouvent que « analyses of pulmonary function and lung disease have failed to detect clear adverse effects of marijuana use on pulmonary function. » Aucun cancer des poumons et aucun décès n’ont pu être attribués à la consommation de cannabis – contrairement au tabac qui tue des centaines de milliers de personnes chaque année. Ce sont deux produits très différents en tout point et on doit les traiter ainsi.

Il ne doit pas y avoir de limite de possession ou d’achat. Étant plus sain que l’alcool, il n’y a aucune raison pourquoi le cannabis serait plus réglementé. On peut acheter autant d’alcool que l’on veut au dépanneur du coin et la société se porte très bien et même beaucoup mieux que si c’était restreint. Si vous les restreignez, les amateurs de cannabis vont simplement continuer d’acheter du marché noir.

Les taxes générées par la vente commerciale et les coupures en budgets policiers pourraient être utilisées pour nos services publics et pour mettre au point des campagnes d’information sur le cannabis. Une taxation régulière devrait être mise en place, sans augmenter démesurément le prix du produit, puisqu’on doit réduire le coût du cannabis afin que le marché noir y perde intérêt. Vous savez comme nous que le crime organisé s'intéresse à une substance illicite pour les profits qu'elle génère. En baissant la valeur du produit, on coupe l'intérêt de la chose. Si on augmente le prix actuel du cannabis, les consommateurs vont continuer d’acheter leur produit là où ils se le procurent actuellement.

Pour ce qui est de la production personnelle, tout citoyen doit pouvoir cultiver son propre cannabis. Il n’y a aucune raison pourquoi quelqu’un ne pourrait pas faire la culture de cette plante pour sa consommation personnelle. Il ne doit pas y avoir un nombre limité de plants non plus, comme il n’y a pas de limite de production d’alcool tant qu’on n’en fasse pas la vente commerciale. En plus de respecter les libertés de tous en autorisant la production personnelle, vous parviendrez ainsi, encore une fois, à baisser la valeur du cannabis.

Pour résumer le tout, les amateurs de cannabis ont déjà une source, illégale ou légale, pour se procurer leur produit. Ne cherchez pas à les restreindre sans quoi ils ne lâcheront pas leur source actuelle. Votre objectif devrait être de baisser la valeur du produit afin de retirer le cannabis du marché noir. Pour ce qui est des mineurs, le fait de régulariser une substance permet de restreindre leur consommation. On en a eu la preuve dans les états américains qui ont dernièrement légalisé la plante. De un, il est plus difficile pour les jeunes d'acheter du cannabis, et de deux, on enlève "l'excitation" de faire quelque chose d'illégal pour un jeune. Nous terminons en vous demandant de bien bâtir votre plan, en vous basant sur des faits et possibilités rationnels, autant pour la sécurité publique et la sécurité de nos jeunes que pour les amatrices et amateurs de cannabis canadiennes et canadiens. Certes, ces derniers ont été persécutés depuis nombre et nombre d'années sans aucune justification. Il est temps de redorer leur réputation qui a été grandement salie depuis trop longtemps...

Âge minimal requis pour acheter de la marijuana

On croit que chaque province devrait choisir son propre âge minimal de possession de cannabis, comme c'est le cas pour l'alcool. L'important à notre sens est de bien éduquer les jeunes sur les véritables méfaits (vraiment) potentiels. Le travail d'éducation doit être remis en question s'il ne fonctionne pas! Pour un jeune qui ne voit aucun de ses amis subir les conséquences de leur consommation, on n'a pas beaucoup d'impact lorsqu'on lui parle de risques peu fréquents et souvent démentis par de nombreuses nouvelles études (un exemple de dernière minute : http://jop.sagepub.com/content/early/2016/01/06/0269881115622241.abstract).

On croit que la meilleure façon de convaincre un jeune, c'est en lui disant qu'à son âge, il doit "se concentrer sur d'autres sphères de sa vie (ses loisirs, ses études, son chemin de vie, etc.). Consommer du cannabis ne devrait tout simplement pas devenir une priorité à son âge. Il doit se laisser le temps de passer au moins le stade adulte, de découvrir ses passions et ce qu'il veut vraiment faire de sa vie!"

Bref, nous croyons qu'il y a beaucoup plus de force dans l'honnêteté qu'avec la peur issue de recherches constamment remises en question.

En outre, selon le Rapport du Comité Spécial du Sénat sur les Drogues Illicites (http://www.parl.gc.ca/content/sen/committee/371/ille/rep/summary-f.pdf - page 18 du résumé), l'âge minimal de possession devrait être fixé à 16 ans.

Pour ce qui est des restrictions pour la vente de cannabis aux mineurs, il doit y avoir le même type de pénalités qui sont appliquées pour la vente des autres substances illégales pour les jeunes. Il n’y aucune raison pourquoi la sanction serait plus sévère que celle actuellement appliquée pour l’alcool par exemple.